Petite précision: Dans cet article, le terme “Américain” sera utilisé comme synonyme de “États-Unien” pour rendre l’écriture et la lecture plus simple. Je suis techniquement américain si on prend la définition “de l’Amérique” (continent), mais le terme va être employé selon la définition “des États-Unis”
Il y a trois mois, je ne me voyais pas du tout faire un article sur ce sujet, mais là, je ressens un besoin d’extérioriser et de publier ça. Je ne m’attendais pas à une actualité politique si absurde en début de 2025 même avec l’élection d’un criminel aux États-Unis. Pourtant, ce dernier a dit des choses qui m’ont tapé sur les nerfs. Comme d’habitude, mais on est sur un cas d’une ampleur exceptionnelle. Si vous ne savez pas de quoi je parle, le président états-unien Trump a dit des choses remarquablement absurdes et irréalistes.
Un peu plus de contexte historique
Vous le savez peut-être, mais les États-Unis et le Canada sont deux pays différents. Avec des constitutions différentes, des lois différentes, des hymnes différents, des cultures différentes, etc. La carte du Canada n’a pas changé depuis 1999 et le Québec en fait partie depuis sa création, le 1er juillet 1867. Le territoire des États-Unis, lui, n’a pas eu de changement majeur depuis 1910 environ. Ces deux grands et puissants pays ont été de bons alliés de manière constante depuis la Seconde Guerre Mondiale.
Trump, deuxième mandat : La Menace fantôme
Le deuxième mandat de Trump n’a même pas commencé et le président réélu des États-Unis a déjà commencé à foutre le bordel dans les relations politiques. Il a notamment dit vouloir ‘’acheter’’ le Groenland, renommer le Golfe du Mexique en ‘’Golfe de l’Amérique’’, reprendre possession du Canal de Panama (qui a appartenu aux États-Unis de 1904 à 1999) et annexer le Canada. Il a plusieurs fois parlé du Canada comme si c’était le 51e état. Et pourtant, ce projet d’annexion est absolument stupide et irréalisable.
La gouvernance de l’ignorance
Après avoir nommé une croyante de la propagande russe aux services de renseignements, un confrère suspect d’agression sexuelle comme ministre de la Défense et un anti-vaccin comme ministre de la Santé, Trump semble convaincu que le Canada pourrait devenir le 51e état des États-Unis. Cette ambition qui d’abord semblait être une blague a l’air de devenir une menace. Il dit qu’il utilisera la force économique mais pas la force militaire pour annexer son voisin du nord.
« Quelle belle nation ce serait », en supprimant cette « ligne imaginaire » qui nous sépare. On serait une puissance titanesque au niveau économique et militaire, on n’aurait plus besoin de passeport pour aller aux États-Unis car on y serait déjà, on aurait une réduction des impôts pour les plus riches, une libre circulation des armes à feu, une interdiction de vendre, acheter ou posséder des Kinder Surprise, l’avenir de la culture québécoise et de la langue française dans notre territoire serait au bord du ravin, de nombreux droits humains (avortement, homosexualité, transidentité) à nouveau considérablement menacés... ce serait... euh... magnifique?
Outre la discutabilité d’à quel point ce serait positif ou pas, ce n’est actuellement que de pures fabulations et, même si un jour ça se fait, cela aurait de fortes répercussions, surtout négatives, sur le reste du monde. Il est facile de se rendre compte d’à quel point c’est irréaliste quand on voit...
Les réactions dans le monde
Étant donné que le sujet principal est l’annexion du Canada, on va se focusser sur les réactions des personnalités politiques importantes du Canada. Leurs publications ayant la plupart une version anglaise et une version française identiques en signification et le journal Estéache étant francophone, ma compilation favorisera donc leurs publications en version française.
- Justin Trudeau, premier ministre & chef démissionnaire du Parti Libéral du Canada, a affirmé sur Twitter le 7 janvier dernier « Jamais, au grand jamais, le Canada fera partie des États-Unis. »
- Le compte officiel de son parti a d’ailleurs publié le rappel suivant (voir l’image à droite) « Pour ceux qui ne s’y retrouvent pas. »
- Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti Démocratique et candidat pour la prochaine élection fédérale, a tweeté « Arrêtez vos conneries, Trump. Personne ne veut se joindre à vous. »
- Pierre Poilievre, chef du Parti Conservateur du Canada et candidat pour la prochaine élection fédérale, a déclaré toujours sur le même réseau social « Le Canada ne sera jamais le 51e État. Point à la ligne. »
En plus des chefs de partis, il y a aussi d’autres leaders politiques du Canada qui ont réagi.
- Doug Ford, premier ministre de l’Ontario s’est exclamé que « Cette propriété n’est pas à vendre! » et s’est défendu face au présentateur télé qui a dit qu’il trouvait ce refus catégorique « personnellement offensant » en disant que « nous sommes de fiers Canadiens tout comme il y a de fiers Américains. » (Fox News)
- Susan Holt, première ministre du Nouveau-Brunswick, a affirmé « On ne se fera jamais acheter par les États-Unis. Nous ne sommes pas disponibles pour être vendus. » (Le Téléjournal Radio-Canada)
- Andrew Furey, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, a dit que le Canada est « un pays fort et souverain, et le restera toujours », que les menaces de Trump sur la souveraineté de notre pays sont « complètement inacceptables », que « Il n'y a aucune chance qu'ils prennent le contrôle du Canada » et qu’il « mourrais sur la croix » pour défendre cette position. Il a terminé en disant que « Ce serait bien mieux si [les États-Unis] étaient la 11e province » avec humour en imitant Trump. (CBC)
Regardons maintenant les réactions des personnalités politiques importantes du Québec.
- François Legault, premier ministre & chef de la Coalition Avenir Québec, a fait une grande publication expliquant pourquoi il faut prendre les menaces de Trump au sérieux et qu’il faut garder la tête froide face à celles-ci et a notamment dit « Il n’est évidemment pas question que le Canada devienne le 51e État américain »
- Ruba Ghazal, porte-parole principale du parti Québec Solidaire avec Gabriel Nadeau-Dubois (qui lui est actuellement en congé parental) a tweeté « Moi je sais une chose: jamais au Québec on ne va accepter de devenir un État américain. Ici, on tient à notre langue, à notre culture et aux valeurs qui nous ont menées à faire des choix différents comme société. Les peuples fiers ne renoncent pas à leur avenir sous la menace de tarifs aux frontières. »
- Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois, a fait une énorme publication en deux parties parlant de différents aspects de l’actualité politique au Canada. Sur cette « question lunaire » d’annexer le Canada, il a aussi exprimé l’évidence de la position de son parti contre Trump.
- Éric Duhaime, chef du Parti Conservateur, semble aussi contre le projet de Trump et vouloir une alliance de tous les partis Québec contre ce dernier dans une publication où il fait principalement la promotion de l’exploitation de ressources polluantes pour assurer l’autonomie et l’indépendance énergétique et économique du Québec.
- Marc Tanguay, chef du Parti Libéral du Québec par intérim, quant à lui, ne semble pas avoir mentionné l’annexion du Canada, mais a notamment dit qu’il faudrait « [Déployer] une offensive diplomatique intensive auprès des élus américains des États avec lesquels le Québec entretient des relations commerciales stratégiques »
Bluff stratégique, diversion, réelle obsession..?
Après avoir vu tout ça, même en sachant à quel point c'est irréalisable, Trump semble très motivé et ne lâche pas l'affaire. Mais pourquoi? Il y a trois théories sur ce que cela pourrait être.
Premièrement, le bluff stratégique. C'est une stratégie mentale de négociation reconnue de faire semblant de vouloir quelque chose de titanesque, beaucoup plus grand que ce que l'on veut vraiment, pour ensuite faire semblant de baisser considérablement la demande pour plus facilement obtenir ce qu'on veut.
Il serait aussi possible que ce soit une diversion. En effet, annexer le Canada, renommer le Golfe du Mexique, conquérir le Groenland et le Canal de Panama, ça pourrait être pour détourner l'attention de toutes ses promesses qu'il n'a pas tenues. Mettre fin aux guerres Ukraine-Russie et Palestine-Israël, baisser les prix des produits essentiels et le chômage... il a promis de faire ça dès le jour un de son élection.
Et au final, ce qui serait selon moi le plus probable, c'est que ce serait une réelle obsession. Trump serait tellement mégalo, tellement un enfant gâté, qu'il voudrait conquérir le monde pas à pas. Il y aura moins d'étrangers aux États-Unis puisque le monde entier sera Américain, du génie! Il y en a qui veulent le beurre et l'argent du beurre, lui il veut le beurre, l'argent du beurre, le laitier, l'usine à beurre et la vache.
Et si contre toute attente le Canada se soumet?
Le Québec étant différent du Canada et encore plus différent des États-Unis, ce serait une bonne opportunité de devenir indépendant. Les circonstances seraient difficiles mais ce serait la meilleure option pour conserver notre langue, notre culture et nos droits. Céder face aux États-Unis, ce serait abandonner notre fierté québécoise et notre potentiel de souveraineté. Et de toute façon, ça n'arrivera sûrement pas vue la fermeture totale de toutes les personnalités politiques importantes.
Mais si, dans un monde fantaisiste, une réalité qui a moins de chance d'arriver que de gagner le gros lot à la loterie, le Canada incluant le Québec devient un état, avec les politiques de moins en moins cachées de dictature qui s'en viennent aux États-Unis, je pense qu'immigrer en Europe et demander l'asile politique serait l'option la plus envisageable.
Mais ça, c'est pas réaliste. Et c'est pas ce qu'on veut. Jamais ma fleur de lys bleue et ma feuille d'érable rouge deviendront une petite étoile blanche.
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